QUELLES
MISES EN OEUVRE FACE A DES ELEVES QUI NE VEULENT PAS
APPRENDRE EN EPS |
1ère
PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DU PROBLEME AVEC LES 4éme D
A.
CARACTERISTIQUES DES 4émeD
La
classe de 4 D est une classe à effectif réduit qui regroupe des élèves âgés de
5ème ou doublant de 5ème qui n'ont pas acquis les bases
nécessaires. Ce sont des élèves faibles pour lesquels un redoublement risquait
d'être inopérant. Tous ces élèves ont en communs d'être lents dans le travail
et la compréhension. Cette classe est composé de 11 filles et de 8 garçons,
"le faible effectif devrait éviter que ne se manifestent des problèmes de
comportements ingérables et déstabilisants pour la classe" (source :
projet d'établissement).
De plus,
il semble "... nécessaire de faire remarquer que cette classe a un profil
de ZEP avec des élèves instables au niveau comportemental" (extrait du
rapport de visite de E. ANDREASSIAN).
Nous le
voyons, la 4 D est une classe que nous pouvons qualifier de difficile au niveau
comportemental et en difficulté au niveau scolaire car refusant le travail et
les normes scolaires.
En EPS,
nous avons pu déterminer les grandes caractéristiques de ce groupe classe.
D'un
point de vue cognitif, nous l'avons déjà dit, ces élèves sont lents à
comprendre, ceci entraîne au niveau méthodologique des difficultés à observer,
des difficultés à utiliser des outils(fiche, règles,
arbitrage), par manque de maîtrise de la lecture notamment, mais aussi par un
rejet de support qui les mettent en grandes difficultés et qui ont été, ou sont
toujours des expériences d'échecs engendrant un sentiment d'incompétence chez
ces élèves.
Ainsi,
ils ne travaillent pas volontiers en coopération et rejettent la mixité.
Ce
manque de recul vis à vis d'eux-mêmes et de leurs rapports avec les autres
entraîne au niveau moteur une pratique impulsive et aléatoire très liée aux
fluctuations de leurs émotions.
Au
niveau des attitudes, nous pouvons répertorier quatre types d'élèves et dans
ces types quelques nuances.
Le
premier type d'attitude que nous rencontrons concerne 5 garçons qui sont très
énergiques, qui sont constamment en recherche de conflit. 3 d'entre eux sont
des meneurs qui créent des conflits soit par des agressions verbales ou
physiques, de manière directe ou dissimulée et qui sont constamment à
surveiller. 2 d'entre eux sont très sportifs et ont beaucoup de mal à canaliser
leur énergie.
Le
deuxième type d'attitude concerne 3 garçons qui sont peu actifs, effacés, et
qui suivent la tendance (chahut ou calme).
Le
troisième type concerne 4 filles qui ont un profil sportif, qui sont actives. 1
d'entre elles est sur-active et a tendance répondre à
tous conflits. Les 3 autres ont tendance a exciter les garçons
.
Enfin,
le quatrième type concerne 6 filles qui déclarent ouvertement ne pas aimer l'EPS, qui sont passives. 3 d'entre elles sont passives et un
peu effacées et les 3 autres attirent le reste de la classe dans la passivité
(discussion à propos de conflit, moqueries).
Cette
hétérogénéité dans l'attitude des élèves se caractérise donc par un tiers
d'élèves passifs, un tiers d'élèves hyper-actifs avec
comportements déviants et un tiers d'élèves qui suivent l'ambiance générale de
la classe et qui ont par moment une réelle attitude d'élève.
Pour
stigmatiser cette classe, nous pouvons dire que le socle commun des attitudes
des élèves avant les vacances de la Toussaint est constitué par des enfants qui
ont beaucoup de mal à différencier récréation et EPS, qui présentent peu
d'attention lors des consignes et perdent beaucoup de temps à se mettre en
mouvement et respecter les consignes, bref :
des enfants qui ne cherchent pas à
apprendre en EPS, mais qui veulent jouer entre eux sans intervention extérieure
B. ENJEUX DU SUJET POUR LA QUALITE DE L'ADEQUATION ENTRE NOTRE ENSEIGNEMENT ET LES BESOINS DES
QUATRIEME D
L'attitude des élèves de quatrième D vient d'être
précédemment détaillée, pour nous l'attitude se comprendra comme le
"soubassement motivationnel de l'élève" (DELIGNIERES ET GARSAUT :
revue EPS n°242), c'est à dire l'expression de sa motivation lorsqu'il est en
cours d'EPS.
Ainsi, les élèves qui ne veulent pas apprendre présentent
certaines attitudes en cours d'EPS, qui témoignent de
motivations incompatibles avec la construction d'apprentissages.
Nous entendons par élève qui ne veut pas apprendre, celui
"qui refuse la recherche des règles et des principes de l'action
efficace" (MEART ET BERTONE : L'élève qui ne veut pas apprendre en EPS
revue EPS n°259), ce qui concerne directement nos élèves, compte- tenue de
leurs attitudes.
Face à ces attitudes, l'enseignant va devoir adapter ses
mises en œuvre, c'est à dire articuler intimement la réflexion, issue de la
conception didactique de ses contenus au départ, et l'action, issu de la
confrontation de sa réflexion et des réponses des élèves. Il va s'agir pour
l'enseignant, d'organiser l'imprévu. Ceci suppose de prévoir le type de
réponses des élèves au niveau moteur, cognitif, méthodologique et au niveau des
attitudes, lors de la conception de ses contenus pour pouvoir agir (voir
réagir) de façon pertinente lors des mises en oeuvre.
Il convient donc d'élaborer une stratégie didactique, c'est
à dire prévoir un contenu se basant sur une progressivité tenant compte des
différents types de réponses potentiels des élèves, à travers le choix de
situations et de remèdiations, et une stratégie
pédagogique, c'est à dire prévoir des formes de groupements, de communications,
et des feed-backs permettant de mettre les élèves en
position d'apprenants.
C'est à cette stratégie pédagogique, lors des mises en
œuvre, que notre mémoire va se consacrer.
Autrement dit, l'enjeux de notre mémoire va être d'essayer
de mettre en oeuvre une stratégie pédagogique qui devrait permettre de
transformer les attitudes des élèves de quatrième D et par conséquent leurs
motivations qui y sont sous jacentes, de façon à ce que ceux-ci entrentdans une démarche privilégiant la recherche de
solutions efficaces dans les situations.
Notre enseignement était basé sur une stratégie didactique
fine, avec progressivité des apprentissages, transposition didactique au plus
près des besoins des élèves, et des ateliers avec situations différenciées en
fonction de ces besoins. Naïvement, nous n'avions pas prévu de stratégie
pédagogique précise, en pensant que la précision du contenu permettrait
l'adhésion des élèves à notre enseignement.
Les formes de groupements étaient libres, par affinité, par
2 ou 3, en co-observation, et les élèves choisissaient un atelier en fonction
de leurs besoins et suivant le retour oral de leur co-observateur.
Les consignes étaient très globales, adresser vers
l'ensemble du groupe-classe, et essentiellement
basées sur le quoi-faire.
L'attitude des élèves était très souvent en rupture avec mes
propositions. Cela se traduisait par des petits regroupements d'élèves assez
éparpillés lors des consignes avec pratiquement aucune attention, discussions
entre élèves, conflits, chamailleries, début de bagarre, c'est à dire un désintérêt
total pour le discours voir même la présence de l'enseignant.
Par conséquent, le cours d'EPS se
caractérisait par une mise en place très longue et une réalisation des élèves
quasi-inéxistante puisque les consignes n'étaient pas
assimilées. Les feeds-backs étaient essentiellement
de nature négative et non constructifs du fait même des attitudes des élèves.
Lors de ce premier cycle longueur / triple saut nous avons
pu observer plusieurs éléments pouvant expliquer l'attitude des élèves de 4ème
D.
Avant tout, ces élèves sont des pré-adolescents
issus du quartier Saint Blaise, qui connaît de nombreux problèmes de
délinquance et d'incivilité. Nous pouvons ressentir au sein de cette classe une
forte volonté de montrer son appartenance à ce quartier et à se qu'il
représente.
Dés lors, certaines valeurs comme le travail ou la
"soumission" à l'adulte sont des signes de faiblesse avérés. A cela,
s'ajoute une ambiance de classe où l'on s'amuse bien, les élèves viennent en
cours et en EPS en particulier pour s'amuser entre eux, pour se retrouver.
Dans ce cadre, l'autorité de l'enseignant d'EPS n'est pas reconnue et la sanction disciplinaire comme
les heures de retenues n'ont aucun effets (certains élèves
ne viennent même pas les faire!).
Cependant, ces élèves ne sont pas réfractaires aux activités
physiques, bien au contraire pour 2/3 de la classe, mais sont incapables de se
prendre en mains pour prendre du plaisir dans les APS.
Le gros problème de ces élèves est là : un besoin de se
valoriser par rapport aux autres, une envie de s'amuser dans la confrontation
avec les APS mais une impossibilité d'y réussir du fait de manque de repères
méthodologiques, et de manque de repères positifs vis à vis d'une autorité.
Ceci est renforcé par un manque de confiance en ce qui est
du domaine du scolaire puisque cette classe est constituer
exclusivement d'élèves en difficultés scolaires.
Ces élèves ont donc un évident besoin de reconnaissance et
de réussite en EPS comme dans leur vie quotidienne.
Notre hypothèse de départ pour que les élèves de 4ème
D apprennent en EPS est basé sur notre observation.
Il va falloir agir à deux niveaux :
1. Les faire entrer
dans "la peau d'élèves"
C'est à dire leur faire différencier récréation et EPS, en
les plaçant dans un cadre très structuré où l'autorité de l'enseignait est
reconnue de façon à ce qu'il soit à l'écoute des consignes.
Et, orienter leur attention vers un objectif à long terme,
de façon à les inscrire dans un projet dans lequel ils puissent voir des
possibilités de réussites.
Autrement dit, les faire entrer dans une démarche de
recherche de solutions efficaces face à une situation.
2. Les faire s'engager physiquement et durablement dans cette état
C'est à dire inhiber l'effet "zapping", de façon à
ne pas se décourager après un échec et ne pas s'enflammer après une réussite,
ce qui suppose de nuancer le statut de l'erreur et de la réussite.
Accepter la notion répétitive d'une situation grâce à la
découverte du plaisir de progresser et entraîner les uns grâce à la réussite
des autres.
C'est à travers la construction d'une stratégie pédagogique
adaptée que va essayer d'y répondre notre expérimentation.