QUELLES MISES EN OEUVRE FACE A DES ELEVES QUI NE VEULENT PAS APPRENDRE EN EPS : RECHERCHE THEORIQUE
PRESENTATION
SOMMAIRE
RECHERCHE THEORIQUE CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPHIE

A.Recherche théorique

Quelle stratégie pédagogique construire pour répondre à notre hypothèse ?

Pour être efficace, une stratégie pédagogique doit prévoir et organiser les relations entre l'enseignant et les élèves, et entre les élèves et leur appropriation du contenu proposé.

Dés lors, sur quelles variables constitutives de notre stratégie agir et comment ?

Pour répondre à ces questions un éclairage théorique s'impose.

Ainsi, pour construire une stratégie pédagogique qui vise à susciter chez les élèves une motivation compatible avec les apprentissages exigibles en EPS, il convient de savoir quel type de motivation doit intervenir pour permettre à l'élève d'apprendre de façon durable.

ATKINSON, en 1964, distingue trois types de motivations répondant à trois types de besoins :

- Affiliation

- Hédonique

- Accomplissement

La motivation d'affiliation est une tendance à rechercher et à valoriser la compagnie des autres.

La motivation hédonique est une tendance à rechercher la sensation de plaisir, le jeu.

Enfin, la motivation d'accomplissement correspond au besoin de faire la preuve vis à vis de soi même ou vis à vis des autres de sa compétence et a fortiori d'éviter le ridicule.

NICHOLS, en 1983, différencie à ce propos trois catégories d'objectifs :

- rechercher l'approbation sociale

- démontrer une certaine habileté en comparaison des performance d'autrui

-. témoigner d'une bonne maîtrise de la tache elle-même

Nous voyons donc que deux logiques s'opposent dans ce dernier type de motivation.

Soit une logique de comparaison sociale où l'apprentissage est le moyen de faire preuve d'une capacité supérieure aux autres, n'est pas un fin en soi , et entraîne un manque de persévérance en cas d'échec : c'est ce qui est appelé but compétitif.

Soit une logique de réussite dans l'habileté par rapport à soi, c'est au travers de ses progrès que l'on peut faire la démonstration de son habileté, où l'apprentissage est une fin en soi, et génère une persévérance où l'aide est acceptée et recherchée : appelé le but de maîtrise.

Selon NUTTIN (Les théories de la motivation humaine), pour construire des apprentissages efficaces et durables un sujet doit être animer par une motivation d'accomplissement de maîtrise. En effet, Il semblerait que la motivation hédonique, si le plaisir est assimilé au jeu, ou que la motivation d'accomplissement à but compétitif auraient tendance à générer un niveau d'activation trop élevé, gênant les apprentissages

Les quatrième D, au regard de ce que nous avons déjà dit, se caractérisent par un besoin d'affiliation et hédonique évident, caractéristique de cette classe d'âge, mais une analyse plus profonde nous amène à penser qu'un besoin d'accomplissement de type compétitif, c'est à dire de comparaison et de valorisation sociale est central et prégnant dans la compréhension de leurs attitudes

Pour transformer leurs attitudes nous prendrons donc le partie d'exploiter leur besoin d'affiliation en jouant sur la communication entre élèves (notamment à travers les formes de groupement) et leur besoin hédonique en essayant de valoriser le plaisir de réussite dans une tache (autrement dit les mettre en réussite), pour essayer de faire entrer les élèves dans une motivation d'accomplissement à but de maîtrise

Cependant, selon DELIGNIERES ET GARSAUT (revue EPS n°242), les attitudes resteraient imperméables à la rationalité consciente, ce qui expliquerait que les attitudes résistent à la persuasion. Il s'agit donc, de dépasser une simple et vaine "correction des attitudes" déviantes pour aller vers une éducation en profondeur des attitudes favorables aux apprentissages.

Dés lors, de quelles données disposons nous pour transformer les attitudes grâce à une stratégie pédagogique efficace.

EPSTEIN(Apprentissage et enseignement revue AFRAPS ), en 1988, met en avant plusieurs variables qui favoriseraient un climat motivationnel de maîtrise. Autrement dit, des variables permettant de transformer structurellement les attitudes des élèves face à la situation d'enseignement.

Pour la clarté et la cohérence de notre recherche théorique, nous présenterons chaque variable proposée par EPSTEIN avec ses filiations théoriques et son implication vis à vis des quatrième D.

a)Le type de tâche : Il s'agirait de proposer des tâches variées et accessibles à court termes. Cette variable semble avoir un caractère essentiellement didactique, mais au niveau pédagogique, il va falloir présenter ces taches de façon, à ce que celles-ci sollicitent un enjeux personnel avec implication active des élèves. Ainsi, il va falloir aider l'élève à se fixer des objectifs réalistes en rapport avec notre enseignement. MEART ET BERTONE (dossier EPS n° 33 : le professeur d'EPS et les attitudes des élèves), propose de mettre l'accent sur l'émotion spécifique de l'APS. Il s'agit ici, de confronter les élèves avec ce qui est susceptible de les faire "vibrer" dans l'APS proposée. Pour les quatrième D, il s'agira donc de présenter l'APS et les tâches proposées, au travers des possibilités de réussite, de valorisation personnelle, de plaisir et de "jouer" ensemble, contenus dans l'APS.

b)La reconnaissance : Il s'agit ici, de valoriser les qualités et les progrès personnels de chacun.

Pour DYLAS (dossier EPS n°40 : enseigner l'EPS en milieu difficile), il faut croire à la réussite de tous par les pratiques. Il faut mettre en confiance les élèves en leur montrant qu'eux aussi peuvent réussir, ce qui suppose de mettre en évidence les différences de chacun, et d'inscrire tous les élèves dans le même projet quels que soit leurs qualités ou leurs manques qui doivent être positivés et exploités à bon escient. Il semble nécessaire d'encourager ces élèves souvent en difficultés par ailleurs, grâce à des renforcement positifs en insistant sur le "pourquoi, c'est bien".
Pour UBALDY (dossier EPS n°40 : enseigner l'EPS en milieu difficile), ce comportement de l'enseignant qui vise à valoriser systématiquement les élèves (qui le méritent) serait source d'activité. Ainsi, toute activité devrait être valoriser et ce serait à l'enseignant de chercher dans l'activité de l'élève des aspects positifs à leur renvoyer : "tu n'as pas gagné, ce n'est pas grave car tu as été génial aujourd'hui...".

Pour les quatrième D, il s'agit de répondre à ce fort besoin de reconnaissance et de valorisation sociale en positivant leurs actions et en mettant systématiquement en valeur ce qui est bien et ce qui fait que c'est bien

 

c)La forme de groupement : Comme nous l'avons déjà dit pour la reconnaissance, l'utilisation de la diversité des compétences des individus est aussi centrale pour la constitution des formes de groupement. Les groupement devrait être flexibles et variés et mettre en avant des réseaux de communications où le rôle du modèle et de l'observation sont primordiales. Toutefois, la tâche devra respecter un niveau optimal de défi pour l'observateur sous peine de générer du désintérêt.

WINNIKAMEN (Apprendre en imitant), parle de partage de l'expertise, il s'agit de mettre en conflit socio-cognitif les élèves, c'est à dire, pour le propos qui nous concerne, faire partager l'expérience des "bons" aux plus "faibles" en les mettant ensemble. Ceci suppose que les plus forts acceptent et cherchent à comprendre les difficultés des plus faibles et que ces derniers reconnaissent la compétence des plus forts. Il peut également s'agir de mettre les élèves par niveau en les confrontant à une situation où ils devront "s'entendre" pour progresser.
Il s'agit ici, de se mettre en valeur en aidant le plus en difficulté et en réussissant à surmonter ses difficultés.
PERRONNET (revue EPS n°252), propose pour un cycle de hand-ball de construire des équipes équilibrés en tenant compte du niveau des joueurs et de leurs relations affectives, il s'agit pour lui de développer une cohésion, une ambiance favorable à la réalisation d'un projet d'équipe, et une diminution des reproches entre partenaires. Il fait apparaître ici la nécessité de ne pas oublier de jouer sur le besoin d'affiliation naturel des élèves.

Pour les quatrième D, l'enjeux ici est d' accepter les différences affectives et de niveau ( 1/3 d'élèves vifs et avec de grandes possibilités motrices, 1/3 n'aimant pas l'EPS, passifs, et peu de qualités physiques ) pour regrouper les élèves autour d'un objectif commun dans lequel chacun peut et doit " amener sa pierre" pour la réussite de tous et la valorisation sociale du groupe

 

d)Le temps : Il s'agit de laisser aux élèves un temps de pratique important, de façon à ce qu'ils puissent s'améliorer, c'est à dire, avoir une durée de cycle importante et une durée optimale de confrontation aux situations qui est fonction de l'attitude des élèves dans la tâche et non d'un temps permettant la réalisation de toute les situations prévues par la leçon.

Il s'agira alors, de mettre en place une structure stable dans le temps permettant la construction de repères. Le découpage et l'organisation temporelle de la leçon doivent apparaître comme un cadre où l'élève peut se retrouver.
Ainsi, pour UBALDY (dossier EPS n°40 : enseigner l'EPS en milieu difficile), l'habitude, la ritualisation des situations, des procédures est obligatoire face à des élèves pour lesquels l'oubli est une "seconde nature".

Pour les quatrième D, qui présente un temps de pratique très faible, du fait d'un manque de repères stables, la construction d'un cadre structurel et temporel stable et précis sera, par conséquent, la première priorité
 

e)L'autorité : Pour EPSTEIN, il faudrait développer un sentiment d'auto- détermination , tant il est vrai que l'élève participera d'autant plus à l'apprentissage qu'il se sentira centre de décision. Ceci suppose, de laisser des espaces de liberté aux élèves dans la construction de leurs apprentissages, notamment à travers des contrats négociés et une pédagogie du projet.

D'un autre côté, il semble nécessaire d'avoir préalablement assis son autorité d'enseignant et construit le cadre sur lequel repose l'autorité permettant le bon fonctionnement du cours.
ROMEO (revue EPS n° 216, cité par MEART ET BERTONE : le professeur d'EPS et les attitudes des élèves) hiérarchise, avec l'équipe EPS du collège de la Reynerie, par ordre d'urgence, un travail sur soi, puis un travail sur la qualité de la relation et enfin un travail sur les contenus d'enseignement. L'activité de l'élève est structurée à partir d'un cadre réglementaire qui se composent de règles de vie incontournables et non négociables. Ces règles constituent la loi de la classe, sont traduites en terme de savoirs, et assorties de sanction en cas de non respect.
GOIRAND (revue spirale n°8 gymnastique collège de Vaulx en velin), propose de structurer l'apprentissage des élèves par la construction d'un contrat social où sont répertorier les droits et devoirs des élèves et un contrat didactique reposant sur un projet de fin de cycle soumis à l'enseignant par l'élève. L'organisation du cours est très strict, dans un soucis de sécurité, et les élèves sont placés dans des endroits précis de la salle et savent à tous moments, où ils doivent être, ce qu'ils ont le droit de faire et de ne pas faire.
Nous voyons donc que l'autorité doit se construire sur des bases très strictes dans un premier temps pour laisser s'épanouir un sentiment d'auto-détermination à partir d'un cadre réglementaire commun.

Pour les quatrième D, la construction d'un cadre structurel et temporel stable et précis passera donc par la construction d'un code de conduite interne à la classe.

Ces variables, leur caractère rigide, organisé, répétitif, et la mise en place de règles de vie devraient aller à l'encontre des pertes de temps et transformer en profondeur les attitudes des élèves de façon à ce qu'ils entrent et s'éprouvent dans les apprentissages.
 
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