PUBLICATIONS : Etirements musculaires


             Pourquoi faire des étirements ?

5 raisons (d’après Bouchot 93) :

1.      Effet mécanique

D'après le biologiste, physiologiste EKSTAND, un programme de 15 mn d'étirement d'un membre obtiendrait une augmentation de 12 à 15% d'amplitude pendant 90 mn.

2.      Effet sur la jonction myotendineuse

C'est à cet endroit que se produit beaucoup d'accidents que l’on croit uniquement musculaires. L'étirement lent sans temps de ressort produit un échauffement de cette zone et donc la prépare à l'effort.

ATTENTION : le temps de ressort va à l'encontre de l'étirement et augmente le réflexe myotatique inverse.

3.      Effet sur la récupération

Lors de l'étirement, la compression des fibres entraîne un effet de vascularisation (éponge) en diffusant l'excès d'acide (lactique) à la manière d'une éponge comprimée. Lors du relâchement les vaisseaux comprimés favorisent un effet de chasse des déchets et un apport de sang oxygéné (lorsque l'on étire un muscle avec une crampe, elle disparaît).

4.      Effet sur la précision du geste

Lors de l'étirement spécifique, les récepteurs des tendons, muscles et articulations sont mis en éveil. Ce qui réduit les erreurs techniques du geste.

5.      Effet du réflexe myotatique inverse

Lorsqu'il y a une information sensitive d'étirement qui est brusque, le muscle se protège par une contraction de retour en augmentant le tonus de base.

Cela entraîne deux conséquences :

-         Faire des étirements dans le calme pour réduire le tonus de base

-         Ne pas effectuer d'à coup pour ne pas entraîner de contraction en retour qui augmenterait la raideur du muscle.

 

Conclusion :

Les étirements contrôlés à vitesse lente avec recherche d'amplitude maximale en fonction du geste performant mais sans temps de ressort permet d'obtenir une mise en tension avec un gain d'amplitude musculaire. Finalement, les étirements semblent constitués une étape indispensable à l'accomplissement du geste efficace maximal.

Cette étape semble devoir être développé à l’entraînement comme toutes les autres qualités physiques, ou bien utilisé comme récupération, mais semble devoir être minimale lors de l’échauffement comme le démontre  François GAZZANO Préparateur physique - Centre de médecine du sport et de suivi médico-sportif - Clinique des Cèdres - 31700 Cornebarrieu cité  savoir-sport par  Joseph RABITA Joseph.rabita@insep.fr

qui remet en cause la pratique des étirements statiques  à l’échauffement comme moyen de prévention des blessures; voici son analyse :

 

L’exécution d’étirements pendant l’échauffement est souvent préconisée aux sportifs. Cette pratique s’appuie sur la présomption qu’un muscle préalablement étiré sera moins sujet aux blessures musculaires. Plusieurs études récentes vont à l’encontre de cette croyance et remettent en cause l’utilité de cette pratique courante.

Étirements et blessures musculaires

Une recherche bibliographique récente permet de se faire une idée plus précise de l’influence des étirements réalisés pendant l’échauffement sur l’incidence de blessures musculaires.

 Les étirements pratiqués pendant l’échauffement n’ont aucun effet sur les taux de blessures musculaires pour les activités, comme la course à pied, où une flexibilité importante n’est pas un facteur limitant (2) de la performance (comme la gymnastique, le patinage artistique, etc.

 Les étirements pratiqués pendant l’échauffement ne permettent pas de réduire les courbatures provoquées par les exercices impliquant de fortes contractions musculaires excentriques (ex : sprint), contractions souvent associées aux blessures musculaires (1, 2).

 L’amélioration de la capacité oxydative du muscle et les étirements cycliques du muscle n’ont aucun effet mesurable sur la gravité de la blessure musculaire (1).

 L’amélioration de la capacité oxydative du muscle et les étirements cycliques du muscle n’ont aucun effet mesurable sur la gravité de la blessure musculaire (1).

  Les étirements peuvent masquer la douleur musculaire chez l’humain et permettre des mouvements qui, en temps normal, ne pourraient être réalisés (2).

 Une étude hollandaise (6) a démontré que la réalisation d’un échauffement, d’un retour au calme et d’un protocole d’étirements standardisé pendant 16 semaines n’a pas permis de réduire le nombre de blessures musculaires (5.5 blessures pour 1000h heures de pratique sportive), comparativement à un groupe contrôle de même niveau de performance (course à pied) qui lui ne pratiquait ni échauffement, ni retour au calme, ni étirements (4 blessures/1 000 heures).

Étirements, force et puissance musculaire

Lors d’exercices de puissance (sauts verticaux) la performance est dégradée dans la période qui suit l’étirement par rapport au groupe qui ne réalise aucun étirement (7). L’utilisation de la technique PNF (facilitation neuromusculaire proprioceptive) a provoqué la plus importante réduction de performance dans le saut vertical subséquent (7).

Une étude récente (3) démontre que l’étirement prolongé d’un groupe musculaire diminue l’activation et la force contractile, et réduit la force maximale isométrique du groupe musculaire jusqu’à une heure après l’étirement (-28 % immédiatement après l’étirement ; -9 % une heure après). Cette réduction de force est également observée lors d’exercices de force maximale concentriques précédés d’étirements (4).

Conclusion

Si l'on en juge par les études récentes, il est possible de conclure que les étirements réalisés pendant l'échauffement diminuent la production de force musculaire, réduisent l'activité réflexe et diminuent la performance lors d'activités de puissance (sauts verticaux, sprints, etc.).

La réduction de performance, provoquée par la réalisation d’étirements, et constatée lors d’activités de force et de puissance, est désormais bien documentée et, à l’heure actuelle, il n’existe pas d’évidences scientifiques qui permettent de confirmer le rôle préventif des étirements dans les blessures musculaires (5).

Les protocoles d’échauffement destinés aux activités qui nécessitent la production de forts niveaux de puissance musculaire (sauts, sprints, etc.) imposent une utilisation minimale d’exercices d’étirements. Une élévation progressive de la température interne des muscles [grâce à la réalisation de gestes techniques simples qui mobiliseront graduellement les articulations et les groupes musculaires sollicités par le(s) geste(s) sportif(s) jusqu’à une amplitude de mouvement], une vitesse et une force de contraction similaires à celles imposées par la tâche sportive (7) sont à privilégier.

Les étirements (statiques, PNF, etc.) visant l’augmentation de l’amplitude de mouvement (indispensable à une exécution technique correcte du geste sportif) ne doivent pas être effectués avant un entraînement ou une compétition, mais plutôt après l’activité, de façon à permettre un développement de la flexibilité sans effet préjudiciable sur la performance (7).

 

Lectures suggérées  et réferences

 

(1) LIEBER R.-L., FRIDEN J. Mechanisms of muscle injury after eccentric contraction. J Sci Med Sport. 1999 Oct ; 2 (3) : 253-65.
(2) SHRIER I. CLIN - Stretching before exercise does not reduce the risk of local muscle injury : a critical review of the clinical and basic science literature. J Sport Med. 1999 Oct ; 9 (4) : 221-7.
(3) FOWLES J.-R., SALE D.-G., MACDOUGALL J.-D. Reduced strength after passive stretch of the human plantarflexors. J Appl Physiol. 2000 Sep ; 89 (3) : 1179-88.
(4) NELSON A.-G., GUILLORY I.-K., CORNWELL C., KOKKONEN J. - Inhibition of maximal voluntary isokinetic torque production following stretching is velocity-specific. J Strength Cond Res. 2001 May ; 15 (2) : 241-6.
(5) YEUNG E.-W., YEUNG S. Interventions for preventing lower limb soft-tissue injuries in runners (Cochrane Review).
Cochrane Database Syst Rev. 2001 ; 3 : CD001256.
(6) VAN MECHELEN W., HLOBIL H., KEMPER H.-C., VOORN W.-J., DE JONGH HR.
Prevention of running injuries by warm-up, cool-down, and stretching exercises. - Am J Sports Med. 1993 Sep-Oct ; 21 (5) : 711.
 (7) CHURCH B., MATTHEW S., WIGGINS F., MOODE M, CRIST R. Effect of warm-up and flexibility treatments on vertical jump performance - J Strength Cond Res. 2001;15(3):332-336.

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